Depuis le 7 octobre, Gaza est le théâtre d’une catastrophe humanitaire d’une ampleur inédite. Médecin humanitaire expérimenté, le docteur Raphaël Pitti s’est rendu à deux reprises à Gaza, notamment dans la ville de Rafah, pour y constater une situation dramatique. Dans un témoignage bouleversant accordé à BLAST, il dépeint les conditions de vie inhumaines de la population, l’effondrement du système de santé et alerte sur ce qu’il qualifie sans détour de situation de génocide.
Un hôpital devenu un abri de fortune
Des milliers de civils réfugiés
À l’hôpital européen de Rafah, plus de 25 000 personnes déplacées campent aux abords de l’établissement. À l’intérieur, 3 000 réfugiés vivent dans les couloirs et cages d’escaliers, improvisant des espaces intimes avec des draps arrachés des chambres.
Des soins devenus impossibles
Les blessés les plus graves sont laissés sans soins, faute de moyens : manque d’oxygène, de matériel, de médicaments, de morphine. Le triage est inversé : les cas les plus urgents sont abandonnés au profit de ceux que l’on estime « sauvables ».
La catastrophe sanitaire en chiffres
- Hôpital prévu pour 400 lits, occupé par 900 patients.
- Chirurgies faites à la chaîne, sans suivi post-opératoire.
- Infections osseuses massives, amputations répétées.
- Pathologies bénignes devenues mortelles faute d’équipement (ex. : coma diabétique d’une jeune femme de 24 ans, morte avec son enfant mort-né).
Rafah, ville-prison pour une population en détresse
La population a été déplacée de force vers Rafah, croyant à une « zone sécurisée ». En réalité, elle vit dans des conditions déshumanisantes : absence d’eau, de nourriture, de soins, et aucun abri digne.
« Il y a pire que la mort, c’est de priver quelqu’un de sa dignité. »
L’impossible retour en France
Raphaël Pitti confie la violence psychologique de son retour : témoin direct, il se sent obligé de raconter ce qu’il a vu, sans pouvoir prendre de recul. Il insiste sur l’importance de témoigner, car « personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ».
Peut-on parler de génocide à Gaza ?
Le médecin refuse de parler de volonté génocidaire explicite, mais affirme que les conditions réunies sont celles d’un génocide :
- Suppression de la nourriture et des soins
- Bombardements indiscriminés
- Effondrement des structures éducatives
- Déshumanisation systématique d’un peuple
« Toutes les conditions sont réunies pour que cette population soit décimée. »
Une diplomatie française jugée insuffisante
Le soutien des Affaires étrangères
Le Centre de crise du ministère français des Affaires étrangères reconnaît l’urgence humanitaire et apporte un soutien financier aux ONG.
L’inaction politique
Sur le plan politique, le gouvernement reste muet, se contentant de déclarations sans action concrète. Le Dr Pitti appelle à des mesures fortes :
- Rappel de l’ambassadeur
- Sanctions diplomatiques et économiques
- Mise en cause des responsabilités israéliennes
Gaza comparée aux pires drames humanitaires
Raphaël Pitti, fort de ses missions en Syrie et en Ukraine, affirme que jamais il n’a vu un tel niveau de destruction et de piège tendu à une population civile. Il évoque une « green zone » devenue un ghetto, rappelant tragiquement celui de Varsovie.
L’origine de son engagement
Né en Algérie, réfugié en France après l’indépendance, il a vécu dans sa chair l’exil, la pauvreté et l’humiliation. Son engagement humanitaire trouve ses racines dans cette expérience personnelle.
« Nous partageons une seule et même humanité. »
Conclusion : Un appel à la conscience collective
Raphaël Pitti lance un cri d’alerte à la jeunesse et aux citoyens du monde :
- Mobilisation immédiate contre le massacre de Gaza
- Refus absolu de banaliser la violence
- Respect inconditionnel des droits humains
« Plus jamais ça. Pas au XXIe siècle. Ne laissons pas faire. »
